Quelques idées générales...
Les interrogations sont grandissantes à propos de l’avenir des stations de ski.
Le réchauffement climatique était une donnée inconnue à la belle époque de l’expansion des domaines skiables.
Aucun massif n’échappe au phénomène planétaire qu’est la progression des moyennes thermiques annuelles.
Les opinions alarmistes, abondamment reprises par les milieux scientifiques et écologistes, se heurtent à d’autres ; en montagne elles se heurtent principalement aux professionnels de la montagne et aux élus. Pourtant de toutes ces controverses parfois vives, on peut retenir la synthèse suivante : « Le réchauffement global ne fait pas partie des incertitudes. » (Cassou, 2011, p. 226).
La ressource neige est donc devenue aléatoire en moyenne altitude, chose imprévisible dans les années 1960, durant lesquelles tout un paradigme s’est construit sous l’appellation très bien choisie d' « or blanc ».
Elle explicite fort bien l’attente que l’on fondait sur son exploitation.
Il n’était guère possible de se douter que la ressource-neige, qui paraissait alors inépuisable, viendrait à faire défaut. De telle sorte que c’est tout un système socio-économique qui a été construit sur sa présence, moyennant des investissements massifs, des montages de sociétés d’économie mixte, et même de mesures de planifications orchestrées au niveau de l’Etat.
Il en est résulté des domaines skiables immenses, plutôt en Tarentaise.
Situés à des altitudes plutôt élevées la confiance en la neige naturelle est toujours grande.
Dans les Préalpes, le massif des Aravis par exemple, les altitudes sont plutôt à 1500 / 1800 m d'altitude.
Malgré cette différence, une clientèle internationale est visée par ces stations des Préalpes et cette clientèle ne se décide à effectuer des réservations que si la destination est en mesure de promettre des pistes praticables enneigées. La production de neige artificielle devient la parade au déficit d’enneigement naturel.
Malheureusement pas sans dommage pour la nature. Des retenues collinaires, des "fermes à neige", des équipements très lourds sont nécessaires afin de stocker l'eau nécessaire au fonctionnement des canons. Au détriment d'espaces naturels souvent vierges. Elles ponctionnent les ressources en eau ; par exemple le projet de la 5ème retenue collinaire de la Clusaz... L'eau serait pompée dans la source de la Gonnière et remontée par des canalisations 4kms plus haut, 300 de dénivelé positif.... Même s'il est de notoriété publique que les retenues perturbent le cycle de l’eau, tout continue.
"Lorsque les brouillards givrants sont pulvérisés au sortir des buses des perches, ils ne retombent pas intégralement au sol pour être ultérieurement liquéfiés et revenir aux cours d’eau ou s’infiltrer dans les horizons aquifères. Ces chutes ne s’opèrent pas toujours sur place : « En cas de vent fort, la neige artificielle est dispersée dans l’atmosphère et peut être emportée sur de longues distances. » (d'hydrogéologue). Une partie des cristaux est soumise au phénomène de sublimation, au cours de son trajet dans la couche d’air ambiant. L’hydrologue avait confirmé à plusieurs reprises l’existence de ce facteur de déperdition. « Environ 30% de l’eau utilisée pour l’enneigement artificiel est perdue par évaporation (10% pendant le stockage, 10% pendant l’enneigement et 10% lors de la fonte, quand la neige devient de l’eau stagnante au lieu de s’infiltrer dans les sols devenus imperméables). Cette eau est perdue, car elle ne revient pas dans le cycle de l’eau local"
Des questions restent en suspens, les élus, les remontées mécaniques, les Départements, les Régions, les promoteurs, les banques, les ignorent... Et pourtant...
? Faut-il augmenter les besoins en neige artificielle ou en capacité touristique quand on doit économiser les ressources – par nature limitées – et réduire les dépenses énergétiques.
? Est-il temps de réfléchir autrement sur le développement économique de la montagne...
? le ski alpin fait-il partie des activités condamnées à moyen terme...
? Est-il temps de ne plus s'accrocher à ce modèle de développement et de se tourner vers une montagne résiliente, respectueuse des écosystèmes...
? Au regard du dérèglement climatique et de l'importance aujourd'hui de préserver les écosystèmes pourquoi ne pas faire au mieux avec les infrastructures déjà existantes...
? Est-il normal et/ou raisonnable d'épuiser les ressources à des fins privées...
? Afin d'atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050, qui implique de diviser par 6 nos émissions de C02 par rapport à 1990, pourquoi continuer la production de neige contre nature et pourquoi est-ce encore permis...
? Sachant qu'il n'y a "que" 4 leviers pour qu'une station de montagne soit résiliente face au défi énergie climat, pourquoi, tout simplement, continuer cette fuite en avant...
コメント